Le couronnement de la Vierge de Moulins (19 juin 1910)

Originaire de Brout-Vernet et installée à Moulins, Elisabet Jugniet écrit à son amie Jeanne Durin à propos du couronnement de la vierge noire de Moulins auquel elle a assisté le 19 juin 1910.

Ma bien chère Jeanne,

Je t'envoie un petit souvenir du couronnement auquel j'ai assister. C'était vraiment beau, je pensais que tu serais venue voir cette cérémonie. Il faut bien que je te dise que je t'attendais. C'est la première fois que je vois une cérémonie pareille. C'est Monseigneur Lobbedey qui a couronné la vierge de Moulins ; on a emmené la ste vierge en voiture qui était pleine de fleurs, tout le monde suivait par derrière comme si c'était une procession. Ah si on avait fait la procession, s'aurait été encore plus beau, mais c'est pas permis. C'est permis aux méchants de faire ce qu'ils veulent dans les rues, mais les prêtres ne peuvent rien faire. Je viens te demander si tu ne pourrais pas m'avoir ou m'envoyer au moins 5 francs, je te serais très reconnaissante. Si tu me les envoyait, je ne te demanderai jamais plus rien. La ste vierge t'en récompensera. Si tu m'aimes, montre le moi. J'avais écrit à Madame Durif et à Me Granger pour avoir un peu d'argent, elles ne m'ont pas répondu. J'ai été à la procession du congrès eucharistique, il y avait beaucoup de monde, on nous a tiré mais n'ayant point de sous je n'ai pu t'envoyer la photographie. Celle ci, je l'ai eu par hazard. Donne moi des nouvelles de ta petite chérie, de ton mari, de toute ta famille, de la mienne. Dit leur bien des choses de ma part. Je prie bien pour toi ma Jeanne, car je pense souvent à toi. Bien le bonjour à Me Durif ainsi qu'à toutes les personnes qui me connaissent. 
Au revoir ma chère Jeanne. 
Je termine ma lettre en t'embrassant de tout coeur.
Elisabeth Jugnet